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L’article ci-dessous a été publié conjointement avec le supplément en page 3.

De tous les groupes qui pataugent dans le marais pseudo-trotskyste au Québec et au Canada, les membres de La Riposte se sont distingués comme les plus ardents partisans des confinements de Trudeau et les opposants les plus acharnés des camionneurs et des manifestants. Il n’y a tout simplement aucune différence entre la ligne avancée par La Riposte et la campagne hystérique de la bourgeoisie et de ses médias dociles. Un dirigeant de La Riposte a calomnié de façon répugnante l’intervention de notre organisation dans un rassemblement à Toronto en soutien aux camionneurs, nous accusant sur les médias sociaux de « soutenir l’extrême droite » ; il ajoutait : « Il est impossible qu’ils se soient mépris sur la nature d’extrême droite nationaliste et trumpiste de ce rassemblement où figuraient des drapeaux de Trump et des pancartes “Make Canada Great Again” ». En pointant du doigt quelques individus de droite pour dépeindre ces manifestations tout entières comme étant d’une « nature d’extrême droite », La Riposte dégurgite ainsi le même mensonge que la bourgeoisie utilise pour justifier la répression.

Et ce ne sont pas des paroles en l’air : La Riposte s’est même jointe à des contre-manifestations qui appelaient à plus de répression de l’État contre les camionneurs et les manifestants, et elle a aidé à les organiser La base politique réactionnaire de ces contre-manifestations ressort clairement d’une déclaration des organisateurs de l’une d’elles à Toronto :

« Les Torontois observeront de près avec quelle efficacité et quelle vitesse le gouvernement ontarien va agir. Nous attendons toujours un gouvernement fédéral résolu […]. Nous attendons rien de moins que l’enlèvement immédiat des barrages frontaliers, la libération d’Ottawa et la dispersion des convois » (traduit et souligné par nous).

Toronto Star, 11 février

Dans un récent article, La Riposte se lamentait pareillement que « les politiciens et la police se soient montrés incapables de faire face à l’extrême droite du Convoi de la “liberté” » (marxiste.qc.ca, 14 février). Eh bien, ils ont obtenu ce qu’ils voulaient : Trudeau vient d’invoquer la Loi sur les mesures d’urgence, une réaction « résolue » pour « faire face » au convoi. L’ « opposition » hypocrite de La Riposte à la Loi sur les mesures d’urgence ne devrait tromper personne. Ce qu’ils font depuis le début des manifestations des camionneurs, c’est de mobiliser activement le soutien à la répression des convois. Il n’est pas surprenant de lire dans leur article « s’opposant » à la loi que :

« Il y a eu une certaine confusion, y compris à gauche, sur le bien fondé de soutenir ou non le gouvernement Trudeau dans la répression des convois et des barrages. »

— marxiste.qc.ca, 18 février

Effectivement, on parierait que plus d’un membre de La Riposte a éprouvé une « certaine confusion » quand leur direction n’a pas endossé ouvertement la Loi sur les mesures d’urgence, puisque c’est la conclusion logique de leur politique !

Pour donner une coloration populiste ou ouvriériste à son soutien à la répression, La Riposte appelle essentiellement à des milices communautaires pour « prendre les choses en mains » et elle appelle la classe ouvrière à « se mobiliser pour vaincre le convoi ». Si l’on prenait ces propos au sérieux, ça voudrait dire transformer des citoyens et des ouvriers en auxiliaires de la police dans la répression contre les camionneurs. Aussi répugnant que cela puisse être, ce n’est pas étrange venant de ces « socialistes » pro-flics qui ont pour position que les policiers sont des « travailleurs en uniforme ». Si vous doutez qu’il soit même possible d’avoir une telle position pour un groupe se prétendant socialiste (ou s’ils le nient, comme ils le font souvent), il suffit de regarder leur article « Le syndicat de la GRC gagne une grosse augmentation de salaire : tout syndicat doit demander la même chose ou mieux ! » (marxist.ca, 7 octobre 2021 – en anglais). Contre la position criminelle de La Riposte que les flics font partie du mouvement ouvrier, nous disons : Polices, gardiens de sécurité, gardiens de prisons, hors des syndicats ! C’est la revendication la plus basique et la plus élémentaire dans la lutte pour l’indépendance complète des syndicats par rapport aux patrons et à l’État capitaliste !

Fondamentalement, ce qui a provoqué une telle frénésie chez La Riposte, c’est son soutien endurci à l’unité nationale derrière les mesures sanitaires du gouvernement. Son soutien sans faille à l’« unité canadienne » et aux confinements devait logiquement l’amener à faire le travail de terrain pour écraser la dissidence contre le gouvernement. Effectivement, depuis le début de la pandémie, ces pseudo-socialistes plaident pour des confinements plus longs et encore plus draconiens ! La Tendance marxiste internationale (dont La Riposte est la section canadienne) a fait une déclaration pour exiger : « Toute production non essentielle doit être arrêtée. Les travailleurs de ces secteurs doivent rester chez eux et recevoir l’intégralité de leur salaire, aussi longtemps qu’il le faudra » (marxiste.org, 22 mars 2020). Un de leurs récents articles contre le convoi faisait écho sans scrupules au chantage moral de la bourgeoisie, disant que « La suppression immédiate de toutes les mesures sanitaires liées à la pandémie entraînerait une nouvelle vague et davantage de décès » (marxiste.qc.ca, 6 février). Toute prétention de ces réformistes de lutter pour quoi que ce soit dans l’intérêt des travailleurs dans la pandémie n’est qu’un mensonge éhonté, étant donné leur soutien aux confinements.

Alors que le NPD et les bureaucrates syndicaux sont complètement démasqués devant la classe ouvrière pour avoir trahi en soutenant et mettant en œuvre les confinements, La Riposte s’empresse à nouveau de donner des conseils à ces traîtres sur comment mieux tromper les travailleurs. Ils écrivent :

« cela a été le problème pendant toute la durée de la pandémie. Le mouvement syndical a été silencieux, a accepté la gestion de la pandémie par le gouvernement dans l’intérêt des capitalistes. Il a été silencieux alors qu’il aurait fallu revendiquer des méthodes ouvrières de lutte contre la pandémie. »

— marxiste.qc.ca, 6 février

Quel blanchiment des traîtres ouvriers ! Les directions actuelles de la classe ouvrière ont activement mobilisé derrière l’assaut de la bourgeoisie contre les travailleurs pendant toute la pandémie, et La Riposte a fait de même ! Ce qui préoccupe vraiment La Riposte, c’est que le NPD soit tellement indistinguable des libéraux qu’il perde du soutien électoral. Les communistes disent : tant mieux si le NPD est discrédité ! La pandémie montre clairement que les dirigeants actuels du mouvement ouvrier doivent partir et qu’il faut forger à leur place une nouvelle direction, une direction révolutionnaire. Le programme de La Riposte pour préserver à tout prix l’unité avec la social-démocratie canadienne est aussi à l’origine de sa propre opposition anglo-chauvine à l’indépendance du Québec et à la loi 101 (voir « Derrière le masque de La Riposte : ni socialisme ni indépendance », République ouvrière n° 3, hiver/printemps 2019).

La pandémie a été une épreuve décisive pour tout groupe prétendant se battre pour la révolution socialiste : soit on utilise la crise pour faire avancer la lutte révolutionnaire du prolétariat contre la bourgeoisie, soit on essaie de réconcilier les antagonismes de classe en faisant la promotion d’un programme bourgeois alternatif pour gérer la pandémie. La Riposte choisit sans conteste la deuxième voie. La pandémie a exposé encore plus clairement ces prétendus socialistes pour ce qu’ils sont vraiment : des défenseurs sans vergogne de la « démocratie » capitaliste canadienne. Non pas le pouvoir ouvrier, mais prendre le côté de l’État pour restabiliser l’ordre capitaliste ; non pas un parti révolutionnaire, mais la subordination continue des travailleurs aux directions procapitalistes ; non pas l’indépendance du Québec, mais le maintien de l’« unité canadienne » anglo-chauvine. Voilà ce qu’on obtient avec La Riposte « socialiste ». Rompre avec ce genre de politique réformiste est la condition préalable pour quiconque veut se battre pour en finir avec l’impérialisme canadien.