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Le gouvernement de la CAQ a été on ne peut plus clair avec le Front commun : 10,3 % sur cinq ans et mangez de la chnoute. Même histoire avec les infirmières et la FAE : acceptez nos offres dérisoires et retournez « servir » (comme dans « servantes »). C’est tout ce que la stratégie de négos des chefs syndicaux actuels est allée chercher, même en déclenchant des grèves tournantes ou en annonçant la grève générale illimitée comme la FAE. Alors qu’est-ce qu’on fait ? Attendre un autre 0,5 %, que le gouvernement coupera ailleurs ? Les syndiqués du secteur public, et la population qu’ils desservent, méritent mieux et ils peuvent aller chercher beaucoup mieux. Comme nous disions dans notre tract du 20 septembre (publié en page 3) : « la lutte actuelle du Front commun doit viser ni plus ni moins qu’à renverser la vapeur et à casser ce gouvernement rétrograde ! » C’est là la seule stratégie qui puisse gagner mieux que des miettes et stopper la décrépitude des services publics et des conditions de travail dans l’avenir.

Mais à l’inverse, la méthode actuelle du Front commun est de faire des manifs-parades, des grèves tournantes impuissantes et des « relations publiques » qui ont toutes démontré leur échec. Des voix s’élèvent d’ailleurs à gauche pour la grève générale illimitée. Mais si une telle tactique semble inéluctable, la question qui se pose, c’est : pour accomplir quoi ? Dans quelle direction ? Et sous quelle direction ? Ne nous le cachons pas : une grève générale déclenchera des décrets de retour au travail et de la répression judiciaire, voire policière, contre les grévistes et leurs dirigeants. Conduire la grève générale, ça veut aussi dire organiser pour casser la répression qui s’ensuivra. Il faut s’y préparer maintenant !

En mai 1972, des centaines de milliers de travailleurs du secteur privé sont sortis en grève générale spontanée pour défendre leurs trois chefs syndicaux emprisonnés suite aux grèves du Front commun. C’est ce qu’il faudra encore une fois pour combattre les lois de retour au travail inévitables de la CAQ — sauf que cette fois, contrairement à 1972, il faut organiser et préparer une telle riposte à l’avance pour ne pas finir en queue de poisson, comme quand Laberge, Pepin et Charbonneau ont dit à leurs membres de retourner au travail sans toucher à un poil de Bourassa. Les chefs syndicaux actuels ne sont d’ailleurs qu’une bien pâle copie de ces bureaucrates de la Révolution tranquille (au moins Laberge pouvait scander qu’il fallait « casser le régime » !), mais ils partagent leur programme fondamental qui cherche le « partenariat » avec l’État québécois. Au diable le partenariat ! Il faut que ce soit les travailleurs qui dictent les règles !

Nous mettons de l’avant le programme d’action suivant que tous et toutes les syndiqué-e-s qui veulent la victoire peuvent mettre de l’avant dans les instances syndicales et sur les lignes de piquetage dès aujourd’hui :

  • Contrôle syndical des services essentiels ! En 1972, il n’y avait pas de loi des services essentiels, et personne n’en est mort ! Le gouvernement utilise cette loi pour rendre impuissantes les grèves du secteur public. Ce sont aux infirmières et autres travailleuses et travailleurs de décider ce qui est essentiel ou non et de prendre soin des urgences gratuitement (laissez faire la carte soleil !). Il faut aussi rallier ces nombreux médecins qui sont sympathiques aux grévistes et les faire servir bénévolement pendant la grève, sous contrôle syndical !
  • Mobiliser les syndicats du privé maintenant ! Il faudra leur appui pour faire face aux décrets anti-grève du gouvernement. Il faut organiser maintenant la campagne de mobilisation auprès de ces travailleurs qui ont un intérêt immédiat à de meilleurs services publics au Québec. Et ce n’est pas trop compliqué : presque tous ces ouvriers — en construction, dans les mines, en métallurgie, dans les transports, etc. — sont dans les mêmes grandes centrales qui constituent le Front commun. Rallier ces syndiqués du privé est la seule campagne de « relations publiques » qui tienne la route ! Ces travailleurs doivent être prêts à sortir dès que Legault annoncera les inévitables « lois spéciales ». Allons les rallier maintenant !
  • Sortez les carrés rouges : mobiliser les jeunes et les étudiants ! Des services publics gratuits et de qualité, c’est aussi une éducation accessible à tous. Les jeunes font face à un coût de la vie insupportable et à un avenir de misère, de destruction environnementale, de guerres et d’oppression. Il faut leur faire comprendre que seul le mouvement ouvrier peut renverser la vapeur et leur donner un espoir d’un monde meilleur. Mettons les jeunes des universités, des cégeps et des polyvalentes (et leurs parents) au service de la lutte syndicale ! Toutes les associations étudiantes doivent activement se rallier au Front commun — un peu de l’esprit de 2012 que diable !
  • Cassons ce gouvernement rétrograde ! Travailleurs, femmes, jeunes, immigrants : tout le monde est victime des mononcles de la CAQ ! L’État québécois est l’État des boss québécois, pas des travailleurs. Si on veut gagner les grèves dans le secteur public, il faut que Legault soit mis en face d’une crise sociale qui menace de le faire tomber — alors seulement on aura notre 20 %. Les stratégies de négos platoniques des chefs syndicaux actuels sont un échec et un cul-de-sac total, il faut renverser la vapeur !
  • Pour un parti des travailleurs ! La véritable libération nationale du Québec se fera sous la direction de la classe ouvrière. Ce n’est pas le Parti québécois qui va nous aider. Son « appui » au Front commun n’est que la bonne vieille stratégie du PQ pour harnacher les syndicats à « l’État québécois » et les rendre impuissants. Si par miracle Paul St-Pierre Plamondon arrivait à gagner un référendum, il n’aurait non plus aucune stratégie pour gagner la cause de l’indépendance face aux menaces d’Ottawa et de Washington — seule la classe ouvrière peut gagner la lutte de libération nationale du Québec ! Quant à Québec solidaire, ce parti des petites gens « wokes » des centres-villes ne va sûrement pas se dresser sérieusement devant l’establishment capitaliste !

Ça va prendre une nouvelle direction des syndicats pour gagner, une direction qui pourra mener les luttes du secteur public, et les autres à venir, à la victoire. Le Front commun, la FIQ et la FAE doivent être dirigés par des organisateurs qui comprennent que les travailleurs et travailleuses du Québec n’ont aucun intérêt commun avec les boss du Québec et du Canada et les gouvernements qui les représentent. Pour gagner même une petite bataille, il faut être capable de voir ce que ça prend pour gagner la guerre. Victoire pour le Front commun, la FIQ et la FAE ! Assez des stratégies platoniques et impuissantes des chefs syndicaux : préparons-nous pour une grève générale capable de casser la dictature de Legault !