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LO met aujourd’hui en avant la lutte qu’elle a menée pour la direction de la CGT dans l’usine de Stellantis Poissy, la plus grosse usine d’Île-de-France, dans une entreprise qui nage dans les profits (voir Lutte de classe n° 232, mai-juin). Ses militants ont construit une section SUD dans l’usine après leur exclusion bureaucratique de la CGT. LO se vante d’avoir construit là « un syndicat vivant, riche de nombreux adhérents, forgé au cours de décennies de lutte contre un patron de combat ». Mais qu’est-ce que cette direction syndicale « lutte de classe » a fait pendant la bataille pour les retraites pour briser le carcan des bureaucrates qui a limité la lutte à ce qui était acceptable pour la bourgeoisie et l’a conduite à la défaite? Rien.

Nous avons mis en avant l’appel à des occupations partout pour faire exploser le carcan des bureaucrates, en expliquant qu’une occupation déterminée dans une usine clé – comme celle de Poissy – aurait pu faire tache d’huile et déclencher la grève générale nécessaire pour vaincre Macron. À l’opposé de cela, dans le meeting de LO sur les retraites lors de sa fête de Pentecôte, ses orateurs nous ont expliqué que « la tâche pour les ouvriers les plus conscients, ce n’était pas de trouver l’action la plus spectaculaire, le meilleur blocage, mais de généraliser la grève ». Ils ont dénoncé les blocages comme de la « fausse radicalité ». Comment allait-on alors « généraliser la grève » ? Il aurait fallu, selon eux, « rencontrer d’autres travailleurs, faire renaître l’habitude de discuter entre travailleurs ». Macron et Martinez/Binet doivent trembler de peur. C’est une défense droitière de l’étau des bureaucrates qui a conduit à la défaite et une justification du fait que LO n’a rien fait à Stellantis Poissy.

C’est précisément parce qu’ils ont refusé de se battre contre les bureaucrates, dans la bataille pour les retraites, qu’ils présentent maintenant leur conflit avec Martinez dans la lutte pour diriger le syndicat de l’usine comme une bataille exemplaire « pour la démocratie ouvrière et syndicale » contre les bureaucrates. Derrière les mots il y a une réalité peu reluisante : l’équipe syndicale de Poissy dirigée par LO a traîné devant les tribunaux capitalistes la confédération, qui a riposté en faisant de même. De s’en remettre aux juges capitalistes pour déterminer qui doit diriger le syndicat, c’est l’opposé du bavardage de LO que « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ». C’est éduquer les travailleurs dans la soumission à l’État capitaliste – l’ennemi à détruire.

Comme Trotsky l’expliquait, dans la lutte pour transformer les syndicats en instruments du mouvement révolutionnaire du prolétariat :

« Le mot d’ordre essentiel […] est : indépendance complète et inconditionnelle des syndicats vis-à-vis de l’État capitaliste. Cela signifie : lutte pour transformer les syndicats en organes des masses exploitées et non en organes d’une aristocratie ouvrière.

« Le second mot d’ordre est : démocratie dans les syndicats.

« Ce second mot d’ordre découle directement du premier et présuppose pour sa réalisation la complète liberté des syndicats vis-à-vis de l’État impérialiste ou colonial. »

Les syndicats à l’époque de la décadence impérialiste, 1940

Nous dison : Flics, juges et matons, hors des syndicats !